La Blockchain appliquée au paiement, entre limites et promesses
Problème de scalabilité et coût des structures : les faiblesses de la blockchain pourraient faire passer au second plan sa sûreté et sa rapidité.
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La première application de la blockchain – et la plus développée aujourd’hui – est bien sûr la monnaie virtuelle Bitcoin. Pas étonnant, donc, que les acteurs bancaires réfléchissent à des applications de la blockchain dans le domaine du paiement et du transfert d’argent. Pourtant, cet usage est loin d’être le plus évident et plusieurs questions techniques devront être résolues avant que les acteurs bancaires ne puissent se lancer sur le créneau.
« La technologie blockchain actuelle présente un problème de scalabilité, analyse Frédéric Dalibard, responsable du digital de la banque de grande clientèle de Natixis, filiale du groupe BPCE. Imaginer un équivalent de Visa sur la blockchain est pour l’instant impossible. » Le Bitcoin, par exemple, ne peut enregistrer qu’une dizaine de transactions par seconde, contre 20 000 pour Visa, note Grégory Chenue, chef de projet au marketing stratégique du groupe Crédit Agricole SA. « Il faudra s’assurer que les promesses de diminution des coûts sont réelles »
Avant de mettre en place d’énormes systèmes de paiement basés sur la blockchain, « il faudra aussi s’assurer que les promesses de diminution des coûts sont réelles, note Nicolas Chatillon, directeur du développement fonctions transverses du Groupe BPCE. Les coûts d’exploitation seront-ils vraiment plus bas ? Il n’est pas certain que cela permette de faire disparaître les systèmes d’informations et il y aura besoin de programmateurs, de mineurs… »
« Aujourd’hui, les systèmes de paiement fonctionnent plutôt bien, renchérit de son côté Grégory Chenue, du Crédit Agricole. Tout casser pour remplacer par des systèmes blockchain prendrait beaucoup de temps car on ne part pas de zéro, les infrastructures de réseau sont très complexes. »
« Le graal : que les devises réelles soient reconnues par les régulateurs »
Malgré le coût potentiel d’implémentation, la blockchain dispose tout de même d’avantages incontestables en termes de rapidité et de sécurité. Si l’application concrète est moins évidente que d’autres, les acteurs bancaires imaginent tout de même pouvoir un jour mettre en place un système de paiement via blockchain. « Le graal serait que les devises réelles soient reconnues par les régulateurs et banques centrales comme ayant la même valeur sur la blockchain », note Frédéric Dalibard. Ce système de paiement permettrait de supprimer les tiers comme Swift et de renforcer la sécurité – d’autant plus à la lumière des récentes failles de sécurité de l’acteur financier…
En attendant un tel système reconnu à grande échelle, Grégory Chenue imagine la mise en place de blockchains privées entre banques pour faire des échanges plus rapides, ou bien un réseau interne à un groupe bancaire. Au sein du consortium R3, onze banques dont la française Natixis ont déployé une infrastructure Ethereum pour faire des échanges de monnaie virtuelle entre elles(Lire : « Blockchain : l’Ethereum va-t-elle détrôner le Bitcoin« , du 21/04/2016). Le test a depuis été élargi à 42 banques.